Un jour bien triste

monique2014C’est avec le plus grand regret que je vous annonce aujourd’hui le décès de Monique Le Pailleur (Aurise) survenu lundi le 27 janvier à 2 heures (heure de Montréal). Monique est décédée à la suite de complications survenues après une intervention chirurgicale subie le 7 janvier dernier.

Vous pouvez laisser des messages de sympathie dans la section commentaires. Je vais m’assurer de les publier et de les communiquer à sa famille et à ses amis.

André  Roux
Administrateur d’Éclectico

 

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Délivrer l’écriture de ses limites en rites inédits*

Dans le cadre du prochain Congrès annuel de l’AQPF (Association québécoise des professeurs de français)  ayant pour thème Délier la langue, je coanimerai le 21 novembre 2013 avec Nathalie Couzon  l’atelier  #305 rattaché au 4e axe  de programmation, soit Délier la langue pour le plaisir,  destiné à mettre en évidence l’apport des contraintes inspirées de l’OuLiPo pour libérer la créativité des élèves tout en cernant l’intérêt de l’écriture collaborative et interactive, les avantages du resserrement de l’axe de lecture-écriture, et la place incontournable de la nanolittérature en didactique du français. Nous démontrerons que Twitter, Facebook, WordPress ainsi que d’autres ressources en ligne  peuvent s’inscrire dans  une perspective culturelle et de connectivité accrue. Nous verrons comment le fait de jouer à plusieurs avec les matériaux langagiers rattachés au lexique  et à la syntaxe peut mener au dépassement de soi, au sentiment de compétence scripturale et à l’amour de la langue.

Jusqu’à présent, seuls des adultes intéressés  ont accepté de relever spontanément sur Twitter les défis proposés bien que des transpositions didactiques aient déjà eu lieu dans certaines  classes autant au Québec qu’en Europe.  Voici pourquoi nous vous offrons dès à présent d’expérimenter avec vos élèves des activités d’écriture littéraire de brève durée comportant des contraintes oulipiennes. Si vous désirez nous faire parvenir quelques exemples de productions d’élèves avant le 4 novembre 2013,  nous pourrons  volontiers les intégrer à notre présentation. En nous permettant d’accéder à du matériel authentique que nous pourrons présenter aux participants  lors du  Congrès de l’AQPF 2013 vous pourrez certainement alimenter nos réflexions communes et nous vous en remercions.

FRAGMENTS LITTÉRAIRES ET JEUX TEXTUELS

Parmi les activités rédactionnelles possibles, on peut se référer sans hésiter à Twittérature, formes brèves et contraintes bénéfiques. Certes ce relevé n’est pas exhaustif mais il peut contribuer à  susciter un grand nombre d’ activités porteuses. Voici cependant un relevé catégoriel pouvant s’avérer utile dans l’immédiat:

1- Série de lipogrammes : Il s’agit de se passer systématiquement de certaines voyelles ou consonnes pour n’en retenir que quelques autres. Il importe toutefois de tenir compte de la fréquence d’apparition des lettres en français,  car il est plus difficile de se passer du E que du O. Par exemple le twitteroman collectif Tourbillon témoigne en six chapitres de la disparition de la voyelle E et peut témoigner de la vitalité renouvelée de ce genre d’histoire produite en collaboration (voir à cet égard Réflexions subséquentes en guise de bilan).En 2011 à l’occasion d’un précédent congrès de l’AQPF, nous sommes d’ailleurs revenus sur cette expérience déterminante : Retour sur le twitteroman sans E.

Dans le même ordre d’idée, l’envers du lipogramme est constitué du recours à certaines lettres qui  deviennent alors privilégiées, ce qui donne …

– du monovocalisme, par exemple  en E, celui qui semble le plus facile en raison de sa haute fréquence,  comme dans Effervescences ou nettement plus difficile s’il est demandé en A-I-O-U. Dans Textique et jeux textuels l’intérêt de ce  genre de jeux est mis en évidence.

– du bivocalisme en AE, EU, EI et EO (uniquement 2 voyelles) comme dans les textes collaboratifs Passages, Murmures, Ivresse et Osmose. Des réflexions à l’égard du bivocalisme apprivoisé en éclairent les enjeux rencontrés.

– du trivocalisme en AEI, AEU, IUE (comportant uniquement 3 voyelles) comme dans Images, Aperçus, Lignes de fuite. Ces textes collectifs ont été  élaborés de manière interactive en twittérature collaborative dans une perspective semblable  à celle vécue sur Facebook par des participants inscrits dans les groupes d’écriture littéraire de Strofka, une expérience décrite dans  Un bien étrange lipodrome.

2 – Série de tautogrammes : Cela consiste à ne retenir que 1-2-3 lettres et faire en sorte que tous les mots d’un texte commencent par l’une d’entre elles. Pour ce faire, il est avantageux de recourir aux banques alphabétiques de mots en ligne telles que celles des mots en D ou des mots en M pour élaborer un texte semblable à Dis-moi donné en exemple dans Ferments de récits et béquilles textuelles. Des textes littéraires peuvent ainsi être produits en équipe à partir de tautogrammes simples, doubles ou triples. On peut également décider d’autoriser des connecteurs et mots-liens à l’extérieur de cette contrainte tautogrammatique comme ce fut le cas dans Bizarres destinées (tautogramme en BD) ou dans Tribulations parallèles (tautogramme en TP). Dans Scriptures, textures et tautogrammes, l’intérêt de ce genre d’écrit littéraire a été mis en relief.

3- Série d’alternances: la contrainte de l’Okapi vise une alternance voyelle-consonne dans les mots, entre les mots et entre les phrases, ce qui donne des textes zébrés tels que Ludovic. Des  réflexions  okapiennes ont  pu être émises à la suite de la prise en compte  de cette contrainte. Le principe d’alternance peut aussi se vivre au niveau des scripteurs. À cet égard, on peut s’inspirer des histoires en 3 mots (les 3 Word Story) où il s’agit à tour de rôle de poursuivre une histoire en chaîne en  se préoccupant ou non de continuité narrative.

3- Série de particularités: Par exemple, la contrainte du prisonnier ne retient que les lettres sans hampes ou  jambage pour produire des textes en forme de rubans comme Évasion. Cet écrit collaboratif a donné lieu à des réflexions évasives. On peut aussi ne retenir que d’autres sortes de mots ayant une particularité spécifique. Par exemple  des listes de mots accentués,  ou plus précisément  des mots comportant uniquement des accents circonflexes comme dans  le texte  Si le bâtiment inclus dans le billet Ferments de récits et béquilles textuelles.

Idées issues des interactions entre les élèves et les matériaux langagiers

Dans tous les cas, le recours aux divers  dictionnaires de synonymes en ligne comme Reverso, aux généreuses pages thématiques de Wikipédia, aux nombreuses listes d’adjectifs ou de noms de toutes sortes sur le Web peut contribuer à enrichir significativement le lexique et à faciliter l’énonciation. Dans une entrevue accordée l’année dernière à Café pédagogique, l’intérêt de  ce genre de projets d’inspiration oulipienne a d’ailleurs été davantage cerné au plan de son intérêt pédagogique.

Rédiger des textes brefs à l’heure des réseaux sociaux invite à explorer l’écriture collaborative de diverses manières et c’est tant mieux si en stimulant leur créativité on peut en même temps outiller les élèves au plan de la syntaxe et du lexique en raison des incapacités de dire et de la nécessité de dire autrement qui dérivent de l’utilisation de ce genre de contraintes inspirantes.

* Ce titre réfère directement  au billet de Nathalie Couzon sur son blogue Randonnée scripturale où figure une liste d’activités et des données complémentaires.

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Petits poèmes lipogrammatiques (6)*

 

DÉRÈGLEMENT
Chercher des empêchements secrets
Sceller des références entremêlées
Tempérer des ententes échevelées
Espérer des préférences rebelles
Bercer des spectres et des cerbères
Détecter le spleen des enfermements
Émettre présence et tendresse
Et s’en délecter.

 

 

 

CLEFS
Ensemencer les secrets délétères
Et prétexter des exégèses extrêmes
Tempérer ses enfermements
Dérégler ses références
Tempérer ses effervescences
Et les spectres de l’éphémère.

 

ESCAPADE
Détecter des fragments rebelles
Dans l’entrelacement des lettres
Chercher des règles éclatées
Enlacer le hasard  perplexe
Ancrer sans drame les dérapages
S’échapper des mantras célèbres.

 

 

ENLACEMENT
Tempérer ses rêves altérés
Rechercher d’étranges dames
Dans l’espérance rebelle exaltée
Regretter ses escapades mentales
S’échapper de la scène appréhendée.

 

 

PRÉTEXTE
Pénétrer dans des sphères étranges
En essayant de désagréger le temps
S’enchanter de verbes en excès
Se rebeller de rage envers les messages
Espérer relancer le passé ambré
Gestes espérés et regards absents
Véhémence des rêves altérés.

 

INVENTIVITÉ
Empêchements irréels
Et périples singuliers
Déguisements du réel
Vertiges inexpliqués
Épingler ses regrets
Rites imperceptibles
Préférer demeurer
En périphérie.

 

 

VORTEX
Déserter le confort des ondes trop sonores
Honorer ses moments de sombre révolte
En colère, décomposer le réel morose
Confronter mollement les ombres mensongères
Oser proposer des mots colorés de songes.

 

 

SUN
Scruter ensemble les lueurs rebelles
De ces sculptures d’humeur et de feu
En quête de brûlures muettes
Fréquenter un futur de légende
Demeure  des refus  murmurés
Hurlements d’une fresque  surréelle
Tendue de peur démesurée.

 

LUCIDITÉ
Éterniser le vide et scruter le silence
Subvertir le réel de musique inédite
Y tresser l’ivresse de feux inextinguibles
Ultime présence qui teste les limites
Sentiment de plénitude et de sérénité
Fureur entretenue d’un feu intérieur
Ivresse du désir, désert du dire.

 

 

 

JEUX
Défier les empêchements
Diluer le feu du scriptible
Perturber l’immensité muette
Débusquer les incertitudes
Effleurer l’échiquier du réel
Liquéfier une plénitude en miettes.

 

FEINTE
Simuler une fuite éperdue
Sur l’immensité chimérique
Du réel en délire
Tresser d’incertitude
Les surplus d’évidence
Et exclure les rêves en suspens.

 

 

 

INCIPIT
Déprécier les exégèses inutiles
Qui incendient les esprits
Lecture plurielle déclinée
En une multitude de teintes
Préférer nettement
S’immerger en silence.

 

MULTIPLICITÉ
En quête d’identité
Se disperser et s’esquiver
Réitérer les mêmes gestes
S’enfuir sur des pistes inédites
Dissidence imprégnée de vide
Y détecter un déficit d’éternité
Sérénité de l’éphémère
Usure des yeux feutrés.

 

 

HUMANAE
Assemblage fluctuant et ancrages surréels
Passagers parallèles en ces jeux d’alternance
Se démarquer sur la maquette des apparences
Encenser dans les marges les regards et les peaux
Sceller la présence accrue des uns et des autres.

 

 

ÉCARTÈLEMENT
Mettre en danger le regard exténué
Par les charmes rebelles de l’apesanteur
Gestuelle de la transe, genèse de la danse
Peupler de splendeur tant d’éclats palmés
Les fleurs du langage étant mes préférées.

 

INCANDESCENCE
Arpenter patiemment des chemins invisibles
Lancer dans l’espace des rêves en dentelles
Générer en esprit des milliers de dérives
Vivre en accéléré l’expérience terrestre
Assassiner la barbarie avec inventivité.

 

 

 

ESPÉRANCE
Admirer l’infini dans les regards intimes
Parvenir à se distancier dans les images prises
Célébrer les reflets en cascades des élans émergés
Dans la disparité infinie créer des instants de grâce
Imaginer des rêves géants et des variantes débridées
S’enliser dans les sphères de la vérité clandestine.

 

 

DÉLIRE
Inverser les mirages de la réalité
Amplifier les errances
S’affranchir des clichés
Inspirer la détresse ressentie
Expirer de l’énergie vibrante.

 

RÉSISTANCE
Tresser entre les écailles de la réalité
L’ivresse de brefs filaments hypersensibles
Vivre mille vies dans des plages parallèles
Déserter ses vertiges, réinventer le ciel
Arpenter l’infini sans règles préétablies.

 

 

ENRACINEMENT
Danser dans la cité des rêves éteints
Genèse de l’imaginaire effervescent
Néantiser l’excès de pensées négatives
Mirages évanescents de rêves détectables
Émergence de l’invisible dans l’instabilité ambiante.

 

 

ÉCLATS
Étalée dans un rêve sans fin
Agencer et magnifier la vie
En attente d’intangible
Chercher le silence étincelant
À travers la tristesse
Bercer le désenchantement
Et la présence éphémère
Se stabiliser enfin dans l’instant.

 

INDÉPENDANCE
Avancer lentement sans retenir l’instant
Dans ce pays des désirs et des fantasmes
À la vitesse délirante des temps imparfaits
Traverser les siècles mine de rien
En revenir indemne et en même temps changé
Se stabiliser enfin dans sa destinée.

 

 

ALICE
S’émerveiller de l’invraisemblance familière
Expérimenter méprises et résistances
Mettre en relief les incapacités apprises
Tisser ici et là des reliefs indécidables
Sans attendre d’habiter l’instant et de s’y perdre
L’intellect malmené se déride sans peine
Le regard aimant fertilise la vie.

*Grand merci à Michel Millerioux pour ses  photographies  si  inspirantes.

N.B. Ces poèmes lipogrammatiques ont tous déjà été publiés sur mon mur Facebook  à partir de déclencheurs visuels  diversifiés  rattachés  à mes contributions personnelles dans les groupes d’écriture créés et animés par Strofka sur FB, à savoir LipoyesLipkaoLipolysLipkae. Ils relèvent ici du monovocalisme en E, du bivocalisme  en A-E , I-E, U-E et  O-E, ainsi que du trivocalisme en E-I-U, en A-E-U et  en A-E-I.   Ces textes, rassemblés en plusieurs séries,  font partie de mes explorations poétiques oulipiennes   (1)(2)(3)(4) et (5).
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Petits poèmes lipogrammatiques (5)

 

MARASME
Se désagréger sans arrêt
En ce campement éphémère
Dans les dédales de l’enfermement
Célébrer ses dépassements
Renverser ses échasses
L’art recèle des secrets.

 

 

 

ÉTHOS
Gronder les ombres en révolte
Joncher le sol de renoncements
Confronter le concept de logos
Enfermer les mortelles secondes
Préférer les très longs échos
Et les border de songes.

 

 

DISCERNEMENT
Gélifier des zestes d’infini
Épuiser les rites et  rituels
Fureur de vivre pétrifiée
Empêchements inflexibles
Réduire l’inventivité rebelle
Déchirer ses incertitudes
Électriser ses déchirures.

 

 

DISSIDENCE
Nuit rieuse dispersée en lumière fleurie
Plénitude en excès qui remplit le silence
S’immuniser envers les sens multiples
Délivrer l’intellect surmené d’une culture désuète
En guise d’incipit inscrire l’indicible.

 

 

PERPLEXITÉ
Fustiger les crises existentielles
Et les ruptures imperceptibles
Dissiper l’équilibre de l’ensemble
Interpréter les périples multiples
Éventrer les heures éclipsées
Jeu d’étincelles mystiques.

 

DESTINÉE
Disséminer ses désirs ubiquistes
Expulser le feu de ses dérives intérieures
Empreintes en délire sur une mer de style
Murmurer des invectives furieuses
Et s’enfuir vers un destin chimérique.

 

 

 

 

DÉGUISEMENT
Infiltrer ce lieu en réel interprète
Et y détecter de délicieux vertiges
Le réel imbriqué suscite mille méprises
Un silence réducteur et un verbe frileux
Rituels périlleux et descentes ultimes
De l’inutilité d’une vue excessive.

 

ÉCHANCRURE
Hurlements écrasés émergeant de l’enfance
Heures de mascarade vécues sans retenue
Démasquer les reflets d’une quête de splendeur
Draper la démesure de ces jeux suspendus
Transcender la peur devenue perturbante
Les abus se détectent dans les marges du temps.

 

PRÉTEXTE
Freiner les effluves du ciel
Irriguer les écluses du réel
Ultime présence des certitudes
Scruter le vide et le redessiner
Précipice du dire silencieux
Crépuscule des dieux.

 

 

 

EXPÉRIENCE
Esquisse du désir fugitif interdit
Prise inversée d’une fleur en sursis
Freiner l’équilibre de l’unicité
C’est l’heure de briser le silence excessif
Et de revenir vers une énergie ultime.

 

SALUT
Verser des larmes dansantes
Embrasser des fleurs géantes
Accentuer sa présence escarpée
Et dans la verdure sursaturée
Chercher un peu de sagesse.

 

 

TEXTURE
Masquer les claquements, massacres et clameurs
Suspendre les épanchements dans ce réseau fermé
Échafaudages en marge des reflets du réel
Tracés tumultueux et fresque d’égarements
Surenchère des calculs éphémères et aveugles
Détresse exubérante du futur apparent.

 

 

EMPHASE
Demeurer sans attentes et en détresse
À la surface d’une mer apparente
Perdre ses repères peu à peu
Se frayer un passage remarqué
Arpenter une alternance de fréquence
Chercher à recréer des ancrages
La légèreté a du charme.

 

 

EMPRISE
Se barricader sans feintes
Errances et pertes de sens
Ne rien faire et attendre
Partir sans partir vraiment
Amplifier ce réel timide
Achèvement des rêves délités
Penser sa vie en évitant de la vivre.

 

 

 

DIVERSITÉ
S’émerveiller des émergences festives
S’immerger dans l’énergie dispersée
Enlacer le hasard, la magie, la féerie
Le temps est éjectable et l’espace en dérive.

 

RÉSISTANCE
Repasser en silence les événements récents
Avancer lentement sans retenir l’instant
Entremêler le hasard et l’impermanence
Déclencher et mixer l’inventaire cérébral
Effacer dans le sable le cynisme relatif
Le travail de l’artiste.

Grand merci à Michel Millerioux pour ses  photographies  éloquentes qui savent si bien m’inspirer.
N.B. Ces poèmes lipogrammatiques ont tous été déjà publiés sur mon mur Facebook  à partir de déclencheurs visuels  diversifiés et se  rattachent  à mes contributions personnelles dans les groupes d’écriture créés et animés par Strofka sur FB, à savoir LipoyesLipkaoLipolysLipkae. Ils relèvent ici du bivocalisme  en A-E et en O-E, ainsi que du trivocalisme en E-I-U, en A-E-U et  en A-E-I.   Ces textes  font partie de mes explorations oulipiennes rassemblées en quelques séries  :  (1)(2)(3) et (4). Encore merci à Strofka sans qui rien de cela ne serait possible.
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Petits poèmes lipogrammatiques (4)

 

 

ÉVANESCENCE
Encastrer ses rêves dans la transparence
Désagréger la glace, s’évader dans l’espace
S’en aller sans regrets et sans se déclarer
Amalgamer les temps et les êtres dedans.

 

ÉCARTÈLEMENT
Regretter ce campement éphémère
Mater l’essence entachée de tracas
Se prélasser dans des ersatz débranchés
Spectacle bref et événement extrême
Carapace de néant dans l’espace éventré.

 

 

ENFERMEMENT
Se chercher en rampant avec zèle
Serpenter dans les méandres de l’être
Sans s’effarer des égarements effacés
Attachement fatal envers ce passé décalé
Décanter les regrets et retarder les échéances
Espace altéré et rescapé de présence extrême.

 

 

DÉPASSEMENT
Braver les strates parallèles
S’armer de persévérance
Cerner la détente perplexe
Embraser la tendresse secrète
Mêler ces traces enlacées
De dérapages éclatés.

 

REBELLE
Érafler le réel
À travers l’asphalte
Enfanter l’allégresse
Déserter les attentes
Ne pas désespérer
Et braver le hasard.

 

 

 

LUNE
Fréquenter une Muse surréelle
Éventrer le secret des ténèbres
Détecter une lueur pulpeuse
De plus en plus les rêves brûlent.

 

FEINTE
Hérisser le silence
Minimiser l’ivresse
Dégivrer l’indicible
Discréditer le rire
Extirper le désir
Vertige de l’esprit.

 

 

ENCHEVÊTREMENT
S’emmêler pas à pas dans les méandres recherchés
Se placer en marge des enlacements espérés
Desceller les ententes et s’égarer par hasard
Affecter de l’admettre et perdre les pédales
Préférer s’en aller sans attendre.

 

 

MULTITUDE
Brûler de mille feux intérieurs
Se délivrer de l’enfermement des bulles
Défier les interdits en dépit des blessures
Se chercher en des lieux d’inexistence
Déverser l’essence de liberté endiguée
Murmures stridents et cris silencieux
Euphémisme du dire.

 

HURLEMENT
Justifier ses blessures
Esquiver le silence
Interpréter les signes
Immerger les ténèbres
Subvertir l’indécence
Et s’enfuir de plus belle
Dunes de scepticisme.

 

 

 

REFUGE
Défier les enfermements
Inverser les bulles de silence
Déserter des bribes d’indifférence
Fuite éperdue du désir infiltré
Cécité sélective du réel en miettes.

 

VIE
Dire le festif
Déguisement suprême
Étreintes inespérées
Dérives effeuillées
Rites intempestifs
Unicité exquise.

 

 

PLUS
Les Muses s’émeuvent et les légendes pleuvent
Les ténèbres muettes se fendent telles des flûtes
Le futur que rebute le vent est en vue.

 

 

PUZZLE
Énigme de l’univers
Essence disséminée
Cynisme des chiffres
Numérique liturgie
Vertiges de l’ivresse
Dérives inédites
Jeux de démentis
Le vide est si plein.

 

INTERSTICES
L’échelle du temps s’est éreintée
Épuiser l’impulsivité inventrice
Injecter en ce vide un futur fugitif
Emprunter mille identités
S’y désintégrer de plein gré.

 

 

 

FÊLURES
S’égarer dans l’espace fauve
Ne plus penser au passé
Trébucher sur le manque de présence
Le regard allumé d’une espérance secrète.

 

VÉCU
Se détacher de la turbulence des regrets
Aggraver les éraflures du temps
Hurler dans le plus beau des refuges
En mal d’apesanteur
Enflammer sa Muse.

 

 

BEAUME
Effleurer les fantasmes d’un futur géant
Les yeux embrasés d’un réel en mascarade
Chercher à surnager dans l’espace rapace
Des pactes de rupture, cette ferveur en excès
Masquer à perte de vue ce cadenas à secrets.

 

 

HEURTS
Suspendre dans la verdure restaurée
Épanchements et carnages
Détester les jeux de regards ténébreux
Emmurés dans la durée fluctuante
Regretter le naufrage du temps.

 

ATTACHEMENT
Réparer les fêlures
Réguler les dérapages
En ce théâtre du hasard
Traversé de turbulence
Les yeux en attente
Ne s’amusent plus.

 

 

 

ÉGAREMENT
Dans l’ascenseur du temps
Prélever du futur en suspens
Au gré du saccage des heures
Déserter les rêves égarés
Encenser les pensées écarlates
Suspendre la turbulence végétale
Des enlacements perpétuels
Prendre un peu de recul
Sans verser quelques larmes.

 

CRÉPUSCULE
La caravane s’enflamme
Sans amertume et sans attentes
Sans nuances dans l’alternance
Jeunes éternellement
Archétypes flagrants.

 

 

DÉRIVES
Asservir les décibels de silences alternés
Affirmer sa dissidence en affichant sa résistance
Bases intempestives et festives en même temps
Vérifier les étranges ancrages de ce temps anéanti
Balises des instants écartelés en vrac.

 

 

AVANCÉE
En marge des reflets du rêve
Des dédales de sens chargés de pleurs
Le regard allumé d’une espérance secrète
Emmurer ses secrets dans un pan du passé.

 

MIRAGES
En parallèle et en différé
Habiter les replis de l’esprit
Se désintéresser de sa destinée
Imaginer des alternatives
Y parvenir par intermittences
Égarements épars et passagers
Énigme de l’indécidable.

 

* Merci à Michel Millerioux pour les  photographies  accompagnatrices. Je lui en suis reconnaissante.
N.B. Ces poèmes lipogrammatiques publiés récemment sur mon mur Facebook ont tous été élaborés à partir de déclencheurs visuels différents et se trouvent rattachés à mes contributions personnelles dans les groupes d’écriture créés et animés par Strofka , à savoir Lipoyes, Lipkao, Lipolys, Lipkae. Ils relèvent du bivocalisme  en A-E,  E-U et en E-I, ainsi que du trivocalisme en E-I-U, en A-E-U et  en A-E-I.  Faisant partie de mes explorations poétiques oulipiennes personnelles, ces textes s’inscrivent à la suite de mes trois séries lipogrammatiques précédentes, soit (1), (2) et (3). Grand merci à Strofka de demeurer une  constante source d’inspiration !
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Petits poèmes lipogrammatiques (3)*


a
ESPACE
Assez de dérapages
D’étrangetés amères
De traces espacées
D’amas percés de rêves
S’évader en secret
Des ténèbres affables
Des âmes en détresse
Et gavées de néant.
A
ATTENTE
Préférer rester zen
Fragmenter le réel
Traverser la démence
En cet espace zébré
Exagérer l’absence
Retarder l’échéance :
Attachement fatal.

a


SECRET
S’armer de véhémence
Recréer le passé
Avalanches et descentes
Enfermements rebelles
Déterrer sa légende
Altérer ses ratés
Retraverser l’enfance
Chercher les dérapages
Les lancer dans le vent
S’égarer dans le temps.
A

EMPRISE

Interpréter l’indécence des signes
Vibrer en pleine ivresse
Et zébrer le désir
Sceller l’imprévisible
Incriminer l’innéisme
Exprimer l’indicible


A
IRIS
Rites de printemps
Rires intersticiels
Des premiers iris
Entre les pierres
Frémir et vibrer
De désirs ignifiés
Incriminer l’ivresse
Des iris désirés
Vie de miel, mie de ciel.

QUÊTE
Masquer ses blessures
Les yeux en attente
À l’aube des tumultes
Sans céder à ses peurs
Refuser de se perdre
Détacher ses regards
Des pensées jugulées
Pacte secret et sacré.


a a
ADN

Chercher un peu de jeu
Dans l’espace bleuté
Prendre le temps d’être
D’être seulement deux
S’enrubanner de rêves
De jeunesse éternelle
Enserrer le futur béant
Se draper dans le temps.
a
a
AUDACE

Enfermée dans la transparence bleutée
Mer tumultueuse des rêves texturés
Créer des vagues à l’âme dans la turbulence
Enlacer des pensées délestées de l’enfance
Me balancer suspendue dans tes yeux
Cachée entre tes tentacules de feu
M’empêcher de te demander la lune
Perdue et éclatante entre les dunes
Appréhender les creux et jeux de l’heure bleue
M’élancer dans le malheur désagrégé
Aveuglée dans tes bras par un calme apparent
Fulgurance des excès de brève durée
Les êtres en détresse se perdent dans le temps.
a
a a
BRIÈVETÉ

Nuit rieuse et fleurie
D’étincelles de lumière
Pleines d’intensité
L’indicible est rempli
D’existences multiples
De sphères elliptiques
De bruissements stridents
D’incisives surprises
Vertigineuses requêtes
De ces fleurs mielleuses
Imprégnées des secrets
Du réel sublimé
L’univers incendié
N’est plus qu’énergétique.
a
INTENSITÉ

Dérive de l’ennui fissuré
Piles de livres négligés
En cette ère du numérique
Irrévérence et indifférence
L’écrit résiste et ressuscite
Futur immense en quête d’identité
Duel sublimé du lire et de l’écrire
Étreinte inespérée du dire intensifié
Rechercher des lecteurs inventifs
Quitter les clichés singuliers et pluriels
Rêver sur le fil ténu et perpétuel du sens
De redevenir de simples feuilles
Feuilles, fleurs et fruits.
a
a a
BULLES
Effluves en dérive
Brûlures liquides
Feintes cycliques
Perles de lumière
Éterniser le vide
Scruter le silence
Se libérer du vide
Intercepter le sublime.
a
LIBERTÉ

Esquiver les sursis
Et défier ses peurs
Tisser d’immenses fresques
Expirer vers les cimes
Refuser les prétextes
Électriser l’esprit
Un surplus de réel
Rend l’entreprise risible.
a
a a
CHUTE

Sur le seuil de l’écriture
Une liberté vite entrevue
Des lettres devenues des grilles
En cet univers de musique
Chercher des bribes d’inexistence
L’indifférence du silence
S’éclipser du réel enfreint.
a
FANTASME

Et si demain n’existait pas
Le présent deviendrait vertiges
Bizarreries, extravagances
L’esprit glissant dans les délires
Nimbant les désirs en cavale
Avant de partir sans prévenir
Nager dans le présent instable
Se mettre la tête dans le sable
Éviter les désenchantements
Rêver d’espaces interstellaires
S’immiscer dans l’illimité
Et s’ancrer dans l’éternité
Accessible dans l’instant magnifié.
a

a a
VERTICALITÉ

Dans l’espace clandestin
Imprimer sa présence
Égratigner l’inflexible
Arpenter l’indésirable
Anesthésier la perspective
Faire scintiller le silence
Et remixer sa vie.
a
PRÉSAGE
Éclats et effritements
Errances et pertes de sens
Délaisser le factice
Mimer des pas de danse
Y chercher ses racines
Sceller les interstices
Vivre l’indécidable
Syncrétisme des affinités.
a
a aa
ICARE

Fils aîné de Dédale, l’architecte exalté
Ayant imaginé le labyrinthe sacré
Icare le téméraire a été incendié
Par le bel astre de vie scintillant en silence
Après s’être avancé vraiment près de ses flammes
Traversant ses désirs, fracassant ses fantasmes
L’artiste devient Icare, il imprime sa présence
Il danse dans l’espace-temps, ses ailes s’entremêlent
Il éclipse le hasard sans retenir l’instant
Présage de l’avenir et des émergences verticales.
* Grand merci à Michel Millerioux pour ses images photographiques que j’apprécie vivement.
**Merci aussi à André Roux pour avoir aussi bien orchestré la mise en page des textes-images.

N.B. Ces poèmes relèvent  du  bivocalisme  en A-E et en E-I, du trivocalisme en A-E-U, en E-I-U et en A-E-I.  Je les ai  tout d’abord  publiés sur  mon mur Facebook   en m’inspirant de mes contributions oulipiennes dans les divers groupes d’écriture lipogrammatiques LipoyesLipkaoLipolysLipkae créés et animés par Strofka que je remercie  pour son mentorat déterminant. Pour en savoir plus long sur  ces groupes, lire Un bien étrange lipodrome.

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Petits poèmes lipogrammatiques (2)*

 

 

 

 

SPHÈRES
Renversements éphémères
Enfermements blessés
Gestes en décéléré
Empêchements réels
Références rebelles
Effervescences tempérées.
PROSOPOPÉE
Orfèvre des mots clos comme des secrets
Échos des ronronnements des corps
Chercher le réconfort encore et encore
Prélever les mots en trop, les mots ronds,
Les mots-bonbons, les mots osés, les mots colorés
Les mots crochetés, les mots volés, les mots dérobés
Les détrôner, les ordonner, les énoncer, les protéger,
Les dévorer, les enrober, les dorloter, les honorer.
ÉLAN
Prendre la clé des champs
Déclencher le hasard
Traverser la planète
Fêter les dérapages
Devancer le passé
Embraser la tendresse
Et en redemander
 

PASSAGES
Dégager les herbes ensablées par la mer
Entremêler les herbes et fragments égarés
Entrelacer les lettres égarées dans les textes
Amalgamer ces lettres en termes éclatés
Se perdre dans le dérapage des thèmes
Parsemer de larmes salées les  rhèmes détectés
Se cacher rarement dans  le passé des verbes
Chercher à émerger des phrases ensablées
Déterrer les secrets espacés de l’enfance en allée.

ENFANTEMENT
S’armer de persévérance végétale
Et s’absenter de ce réel désengagé
Avec l’étrangeté amère des êtres rebelles
S’enchanter des verbes en excès
Après tant d’années de présence
Marcher vers l’éternel été.



PRÉSENCE
Écheveler dans la danse
Des légendes extrêmes
Entremêlées de grands élans
En crevant l’écran amalgamé
Ancré dans le réel éclaté
Sans remplacer les gestes effacés.

 

 



FERVEUR
Ellipses singulières
Vertiges inexpliqués
Refus mystiques
Murmures décryptés
Signes qui s’immiscent
En rites indéfinis.

 

JEUX
Plénitude en excès
Qui remplit le silence
Empêchements et démentis
Fuite éperdue et rites inutiles
Hurlements déguisés
Crédibilité esquivée.

 


ÉCLIPSE
Peur du gel neigeux
Des nuits en dérive
Refus subversif de périr
Entre les griffes du temps
Quête irrépressible
De surprises feutrées
Fuir le scepticisme
Et le discréditer.
FEU
Musique injectée du vent
Fermer ses yeux incendiés
Se réveiller fusée de lumière
Brûlé de l’intérieur.

 

 

 

DÉLIRE
Univers inventé et chimères extrêmes
Présumer de suites imprévisibles
Refuser les jeux de l’intellect
Et glisser sur des pentes liquéfiées :
Le futur est devenu suspect.

BRUISSEMENTS
S’enfuir furtivement du vide impénitent
Émerger du silence et des feintes du désir
Frémissement des pierres et fissures implicites
Gémellité ultime, fluide et suspendue
Félinité sereine des pensées illicites
S’éclipser en secret de ce réel enfreint.


INDIFFÉRENCE
Défier les enfermements
Sur l’échiquier du sens
Recueillir des indices
Glisser sur des dérives
Ressentiments uniques
Et méprises freudiennes
Immensité subversive
Des risques inhérents
Et des pièges imbriqués
Du scriptible emmuré.

LIVRES
Ils cernent les fissures
Ils déchirent l’intensité
Ils déclinent les rituels
Ils distillent l’éternité
Ils supplicient le désir
Ils effritent l’existence
Ils éclipsent le silence
Ils effeuillent le ciel
Ils inventent des incendies
Ils cultivent l’indulgence
Ils guérissent les êtres
Cris ultimes finement ciselés.

 

 

 

DUNES
Se mettre en danger
Sans demander la lune
Préférer les dunes de Mars
Aventures fabuleuses
Des astres embrasés
Les yeux en attente
D’un futur éclatant.


TUMULTE
À l’aube de nulle part
Près de la durée décalée
Détacher ses yeux
Embrasés de réel
Au delà du palpable
Rêver de démesure
Et brûler les étapes.

 

 


a

DÉCHÉANCE
Sans amertume et sans regrets
Perplexes et devenus suspects
Ces murmures du passé
Se dressent abruptement
Emmurés dans la perte
En cette durée ravageuse
Charlatans entêtés
Rupture, échec et mat
Déchéance traversée
Turbulence et changement d’ère
La guerre est mal perçue.

DÉMESURE
S’élancer dans l’espace rapace
Sans nuances dans l’alternance
Effleurer le futur dépeuplé
Accumuler les émergences
Se perdre, se reperdre et se chercher
Suspendre les jeux de hasard
Sans repères charpentés
À défaut de Muse.

 


ANNIVERSAIRE
S’inscrire dans des réalités parallèles
Signifier sa présence et s’ancrer dans le temps
Faire chavirer le silence et enchanter le ciel
Célébrer l’indicible d’essences cristallines
Vibrer intensément et planer sans limites
Fertiliser l’absence, magnifier le désir
Réinventer sa vie et faire des rêves immenses.

REVIVRE
Réapprendre à vivre
C’est se départir dans l’ascèse
De l’inintéressant
C’est altérer le passé
Éclaté dans l’anamnèse
C’est revisiter antan
Laver le ciel en miettes
Rire et danser dans le présent
C’est inventer le chemin
Afin de se dépasser
C’est tenter de méditer
De temps en temps
C’est préférer aimer
Aimer infiniment
Même s’il devient envisageable
De se perdre à jamais.


ÉVEIL
Égratigner le réel implicite
Afin d’anesthésier l’espace captif
Escarpements de l’ivresse immatérielle
Ensemençant le silence de braise
Intensifier le désir, vibrer et  gémir,
Magnifier en esprit ce genre de dérive
Et délier enfin le fil de sa vie.

 

 

 

ENVIE
Enlacer la verticalité anémiée
La libérer des échappées marines
Résister aux aspérités déchaînées
Initier des rites indéfinis
Arbitrer les feintes et les dérives
S’évader en vertiges et cris
Infléchir les aléas du hasard.

* Merci à Michel Millerioux pour  les magnifiques photographies  offertes.

N.B. Ces poèmes lipogrammatiques ont   été  récemment publiés sur  mon mur Facebook et ils ont été élaborés à partir de mes contributions personnelles dans les groupes d’écriture  créés et animés par Strofka à savoir Lipoyes, Lipkao, Lipolys, Lipkae . Ils relèvent conséquemment du monovocalisme en E, du  bivocalisme en E-O ou en A-E, du trivocalisme en E-I-U,  en A-E-U,  en A-E-I et ils font partie de mes  explorations oulipiennes.
** Merci également à André Roux pour  avoir effectué la mise en page.

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L’écrit en exil


Que penser de ces livres en recherche de lecteurs et qui meurent en petits cris discrets, de plus en plus négligés en cette ère du numérique ?



Le temps semble s’inverser et  l’heure un peu extrême. Peut-être suffit-il de s’enfermer en silence et d’interpréter le réel ? Vivement que vienne une vérité superflue en guise de truisme ! Puisque le déguisement ultime en est un de sincérité mêlée de feinte, Julien cherche librement en cette dérive des écrits publiés  l’inutile et le superflu. Près de lui, des piles de livres négligés cherchent chez l’éditeur un intérêt perçu qui suscite des disputes, des querelles et des prises de bec.  Cette démesure lui est précieuse.  Il en étire le déclin et réinvente les règles de réussite. S’il  végète en ce lieu imprégné de  silence pleureur, c’est qu’il désire indiquer une présence ennemie en ces lieux surpeuplés.

En effet,  lesquels d’entre ces livres  méritent d’être préférés et même retenus ? Il lui est difficile de les distinguer et de les discriminer. Il préfère l’implicite et le recherche de plein gré, même s’il se permet  de célébrer les divergences qui lui semblent   essentielles. L’effet de rupture est peu désiré. Rêver d’en décrypter les figures   puis de les décrire en clichés singuliers l’intéresse.  S’il ressent cette richesse des lectures plurielles, il  rêve de s’immiscer en elles  plus  serein et de  se libérer de leurs tutelles   infinies. En cette nuit illuminée d’une justesse imprécise, il cherche un lien direct entre le jeu et le bien-être. L’empressement lui dicte des gestes répréhensibles puisque l’erreur résulte de l’entêtement et qu’il refuse mine de rien  de s’humilier inutilement. Quelle belle sphère de jeu que cet inédit qui investit  le présent et  réitère l’intérêt du dicible et du scriptible, même en des sentiers récemment réputés illisibles.

Déserter les chimères

Est-il bien évident de demeurer vigile ? Le lexique s’excite, les termes s’entremêlent et les lettres  se fréquentent de plus belle; elles expérimentent même des vitesses indéfinies. Est-ce l’usure issue d’un temps gris imprégné d’une timide rigueur et d’une pudeur extrême ? En ce début de siècle, il semble régner une culture du mépris, d’irrévérence et de nette indifférence. Qui es-tu, cher lecteur en devenir ? Qui veux-tu  être ? Si  tu n’es plus ici, est-ce  réellement terminé ? Le métier d’éditeur crible Julien d’interdits et de défis inespérés. Identité, diversité, intensité ! En recherche  de sérénité, il  scelle  ses pensées et, en guise de pénitence, il s’inscrit en différé. Rien ici qui lui  permette des licences juteuses. Entreprendre de se justifier est-il irrévérencieux, une  mesure divine, une idée de l’enfer sur terre ?  Il s’immisce discrètement sur le seuil de l’ennui,  dérive et s’enfuit en  des vies qui se cherchent et se peuplent  de lieux d’inexistence. Il lui suffit présentement de distiller  ses réussites  et de  rire un peu, de déverser l’essence de liberté endiguée en des mers textuelles. Des étincelles surgissent, l’écrit se mue en feu et les lettres deviennent liquides.  Les cris stridents qui le musèlent  en même temps le libèrent. Bris et brisures sur le chemin du temps : l’épreuve définitive.

Décrypter le virtuel

Très simplement, il entend  sublimer le dire et puis rester muet.  Ce présent qui résiste si bien est-il  réel en définitive ?  Il  évite de se sentir piégé et  décide de régler différends et litiges.  Guérir ses blessures et les réduire en silence, quel défi !    Une multitude  éperdue en quête d’exemples inutiles  se dissimule en lui. Quelques heures de survie en vue et puis l’été s’esquive. Duel du lire et de l’écrire, du  lire-écrire. Vivement se délivrer, livrer, crier, s’écrier, se retenir, quitter, griffer, décrire, rire, relire, remixer, délirer et s’éclipser. Rien que des gestes  impénitents, des gestes  meurtriers, des gestes singuliers.

Le désir de s’enfuir immerge l’être en dérive.  Il tente de subvertir  ses envies de secrets dispersés, cette vie de secrets disséminés.  Ressurgissent en déficit des ténèbres illuminées, des esquisses tissées, des fissures insufflées. Le ciel semble devenu frileux et suspect. En dépit de l’intertextuel vertigineux issu des hypertextes  expérimentés, les cris périlleux préservent  les gens de l’enfermement et éclipsent cette nécessité d’un  désir jugulé. Une mise en  scène  excessive des crises évitées explique ce qui ne peut être insinué. Qui mieux que lui  peut cuisiner le verbe ? Heureux prétexte un peu cynique. Freiner l’expérience de plein gré, c’est répéter les gestes ressentis, demeurer zen  et s’inspirer de Perec. Si le sujet est disparu, est-ce le temps de se diriger vers un futur imminent et de se priver de l’essentiel ?  Le silence percute  d’un venin pernicieux les rites discrédités.  Puisque le temps n’est qu’un fieffé menteur,  il devient inutile de sérier en kyrielle les clichés perturbés   et indécents qui suscitent l’indifférence, cette ultime détresse des êtres négligés et discriminés.

Bruissements et mystères

Même les fins heureuses redeviennent des débuts. L’énigme persiste : subvertir le verbe, épuiser le lexique, s’éclipser derrière les embûches du sens célèbre directement le nihilisme nietzschéen, ce nihilisme refréné derrière des yeux éteints. Est-ce mieux de défenestrer les préjugés et de rejeter les idées reçues ? Ceci n’est plus une pipe. Le signifié rebelle réitère une présence décuplée et permet de quitter le pique-nique implicite.   En cette nuit d’éclipse de lune, en cette nuit de gelée de pluie prélude d’une tristesse infinie, le ciel pleure et se meurt en prières et en cris.


Les hypertextes dérivés s’inspirent-ils de termes lestes, d’une esthétique de liberté ? Entre les jeux,  le recul est de mise. Les devinettes du devin se devinent bien, dit le Sphinx. Entre les textes et l’esprit interpellé, tisser des liens récurrents entre un temps millésimé et un temps frénétique n’inscrit plus une suite plus  juste.  Certes, il semble utile,   en cette veille  imperceptible, de détecter  et  d’interpréter les signes impudiques de ces curieux spécimens reptiliens.   Entre eux se glisse ténu le futur de l’écriture. Un futur subversif, un futur inventif. Le temps des regrets est venu. Hiberner, hiverner : demeurer présent et prévenir le pire. Que décider ? Le chemin du silence ne semble plus indiqué. Inutile de suivre les règles vétustes d’un  fil invisible qui cible un  plein excessif en chute libre, cet écrin invisible du vide de l’écrit en suspens. Le fil est bien ténu et le récit peu ficelé. En cette mer  inédite,  les textes  se veulent vite résumés  et  refusent une vérité induite, scène curieuse d’un précipice qui  pulvérise des vertiges et gruge l’essentiel.

Plénitude en excès

S’il n’en  peut plus de supplicier le désir, que lui reste-t-il ? Il est  pris en cette île et dérive en esprit puisque vivre n’est plus juste un éden. Même s’il n’y survit qu’une seule minute, le temps d’une seule pensée, il s’y inscrit tête première, s’y exile en esprit, et  se cherche ensuite éperdument. En quête de vertu, les  hurlements dissimulés se muent en silences feutrés, scintillement pernicieux s’il en est.  Le jeu s’intensifie  et l’envie de se perdre en ces enfermements suggère un  exit de l’existence en réserve, cet euphémisme du dire.

Chercher l’erreur

Il est  celui qui est, celui qui ne suit plus que ce qui se dessine et ce qui l’intéresse.  Il existe et se grise en reprise du vu, du lu, du tu et de l’entendu en  ce jeu entremêlé du dire, de l’écrire et du lire. Il effeuille le ciel : Chut ! Chut ! Chut ! Dire le rien, dire le vide, dire le plein. Mixer et remixer. Dire l’écrin, dire l’éteint, l’écrire, le redire, se retenir et rester en vie.  Il persiste et résiste. Il invite le ciel qui fléchit et s’embrume l’esprit en quête d’invisibilité.   Il n’en peut plus d’expérimenter, de tenter de veiller sur cette nuit intérieure inversée des milliers de dunes de scepticisme et de susceptibilité. Si le sens unique est insensé, interpréter le réel  enfreint ne  demeure-t-il qu’un défi ultime ? Rien n’est si peu sûr.

Risquer le futile

Écrire, ne plus écrire :  dilemme éthique,  heuristique et herméneutique. Lire et relire, hélices du désir, délires et délices. S’exiler définitivement et reprendre du service. Freiner cette véhémence qui submerge l’esprit. Être privé de liberté et se sentir reclus en perpétuité. Écrire, c’est simplement trier, crier, rire, redire, cirer. Écrire, c’est tricher, se reprendre et  sceller ses blessures. Seuls les premiers jets durent éternellement. Étreinte inespérée du lire et de l’écrire. Signes limpides et hermétiques, mimésis et diégèse. Limiter l’usufruit du texte, liquéfier le réel, s’émerveiller de peu. Restes de vie, perte de sens. Écrire, n’est-ce que  tisser les fils multipliés et débridés du sens ? N’est-ce que décrire en lettres de feu les enjeux de ce jeu ?  Rien n’est  plus muet et inscrit que l’empreinte des lettres en exil, ces vestiges du dire en ce crépuscule de l’écrit. Être  lucide et persévérer. Ne plus se désister et ressusciter le Phénix de plume. S’infiltrer, surgir, percer et pénétrer ce mur érigé. Émerger du silence et remplir d’un peu de présence l’étendue  entrevue. Être privé de liberté et se sentir reclus en perpétuité. S’extirper seul de cette peine secrète, pénétrer brusquement en un lieu déguisé en terreur, est-ce le plus utile ?

Le vide indéfini

C’est l’heure de quitter l’ensemble de ses certitudes et de se risquer sur les chemins peu  fréquentés d’un futur imminent. L’existence devient-elle plus précieuse si elle risque de s’éteindre ? Ivresse du péril en guise de servitude. Le séisme n’est rien, survivre demeure l’unique défi. Rupture de temps intimidés qui s’effritent et qui ténus s’inquiètent en ce présent ému.

Crucifier les termes inédits,  les éterniser sur un fil perpétuel et risquer d’en épuiser les subtilités textuelles. Prière de réfréner l’impulsivité inventrice. Délivrer les sens pluriels des livres : le but visé ? Le livre existe-t-il distinctement de ses lecteurs et de ses lectrices ? N’est-il qu’un devenir en quête de lecture ? Le livre devient-il inerte s’il n’est plus lu ? Si écrire, c’est s’écrier et crier, est-ce qu’inventer mille délits, c’est se réfugier en pleine lumière en une nuit perpétuelle ? Pelucher des chimères et peupler de dérives les signifiés uniques,  est-ce  incruster le dire, le crucifier  et migrer vers des cimes ?

L’ennui fissuré

Ce film  rebute Julien qui en  minimise les enjeux  et refuse de bifurquer et d’esquisser des gestes jugés imprudents. En effet, il préfère espérer survivre même s’il  fréquente un chemin de duvet et de grêle. Des vestiges du dire émergent des ruines et des débris, une chute de tricheries et de leurres évités. L’industrie semble  négliger l’empressement excessif. Une trêve est-elle prévisible ? Est-ce si pertinent ? Quelle réussite est permise ?  Une expérience limite peut jeter un vif discrédit  et restreindre les revers et les embûches. Le remède et ses effets réduisent-ils les risques inhérents ? Peut-être redéfinir le futur en termes de superstructures ?  Être invisible, c’est s’évincer. Inclure, exclure, hésiter. Se décider  permet enfin de disséquer les événements utiles.  Si médire évite de périr, le sens réinterprété refuse de diminuer et risque de s’enfuir. Lucidité sublimée et méprises excessives, puisqu’en vérifier l’unicité, c’est en pressentir l’inutilité.

Rituels  et pixels

Rien ne sert de quitter si rien ne survient. Un vide extrême imprévu ne résiste guère si l’ennui est un ennemi qui tue. Limiter l’étendue incendiée et tenter d’y insuffler du mystère. Cet enjeu implique des sculptures exquises,  lumineuses et en devenir. Qu’ils écrivent, qu’ils lisent, qu’ils illustrent de textes une vie bien remplie, les gens vérifient bien peu les présences extrêmes, puisque peu d’entre eux y excellent. Le temps file sur le mur de FB et sur le fil de Twitter, et même si Linkedin réunit les membres les plus fervents, l’univers n’est plus le même : il est devenu depuis peu un futur immense en quête d’identité. FIN

N.B. Cette  fiction lipogrammatique en A-O ou encore  trivocalique en E-I-U a été  élaborée à partir de mes  contributions individuelles dans le groupe d’écriture Lipkao.  Au départ, il ne s’agissait que de commentaires réactifs et créatifs indépendants,  issus de l’interactivité induite, et  rattachés à une multitude d’illustrations visuelles, musicales  et textuelles proposées par Strofka sur Facebook depuis l’été 2012 (Voir Un bien étrange lipodrome). Un texte oulipien en a  émergé puisque des idées ont surgi qui n’étaient nullement  prévues au départ. Il s’est agi pour moi d’expérimenter une nouvelle façon d’écrire, étant donné que  les idées  émergent à partir des matériaux langagiers colligés  au lieu de provenir d’idées préalables à traduire en mots. J’affirme qu’il est réellement possible d’écrire de cette  façon,  puisque les expériences d’écriture trivocalique en Twittérature collaborative se sont déjà avérées concluantes (voir IMAGES, APERÇUS, LIGNES DE FUITE ).  En me lançant  ce nouveau défi, j’ai été à même de vérifier à quel point ces contraintes lipogrammatiques libèrent efficacement la pensée. C’est uniquement le fait de recourir  aux fragments échevelés de Lipkao méticuleusement sélectionnés qui, une fois rassemblés, repositionnés, réagencés et retravaillés,  m’ont permis de générer un texte  porteur en  agissant comme des ferments, ainsi que l’intuitionnait Strofka que je remercie  expressément. Voilà donc ci-dessus ma deuxième  fiction  lipogrammatique  L’écrit en exil,  à la suite de ma première nouvelle  littéraire Entente passagère qui relevait pour sa part du  bivocalisme E-A. Je vous invite à en tenter l’expérience, car  écrire de cette façon modifie substantiellement le regard sur la didactique de l’écriture en nécessitant des contournements syntaxiques et lexicaux, de même que le recours justifié à des dictionnaires puisque les empêchements  invitent à dire autrement en sculptant avec les mots le texte en devenir.

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Petits poèmes lipogrammatiques (1)*

 


S’ÉGARER
Entraver l’égarement sacré
Et désarmer l’alarmante avancée
En transperçant le hasard déréglé
Appréhender l’absence parallèle
Désagréger la caravane macabre
Sans détecter les élans empêchés
Enchevêtrer arcanes et secrets




S’ÉVADER
S’évader avec éclat
De ce réel enfanté
Relancer en caravane
L’absence et l’extravagance
Escapade céleste en tandem
Des amants égarés.


TRANSCENDANCE

Anges et archanges
Célestes et terrestres
Avancées de tendresse
Attentes à rattraper
Mantras entrelacés
Présence désarmée.



et
DANSER
L’art de s’absenter
De  ce plan terrestre
Présence rebelle ancrée
Ensemble de dérapages
Dans l’effervescence
Et dans l’évanescence.

DÉMENCE
Verser des larmes de tendresse
Se rappeler la terre sacrée
Entrelacer des mantras célèbres
Chercher à réparer le passé
S’amarrer à ses semblables
S’absenter de la démence avenante
S’enchanter des verbes fragmentés
Avec l’étrangeté amère des êtres rebelles.

et


et

EXCÈS
Dangers des jeux cruels
Enfermements et subterfuges
Fulgurance des excès
Suspendre le regard affûté
Naufrage du temps.


S’ASSUMER

Asphalter ses peurs
Relater ses éclats muets
Écarter ses bras emmurés
Dans le dérapage des heures
Tenter de restaurer le futur affamé
Avatar extrême des départs avérés.




VAMP
Revamper cette fleur
Avec des yeux tendres
Se prétendre sans peur
En allant de l’avant
Trépasser en rêvant
De plages parallèles.


UNS

Passagers de la lune
Créer du vague à l’âme
Causer un branle-bas
Se perdre, se chercher
Allumer la flamme
Dans le regard de l’autre
Et ensemble prendre feu.



ENSEMBLE
En ce théâtre du hasard
Se cacher dans une bulle
En tenue d’apparat
Enlacer la démesure
Vécue secrètement
Effleurer le réel dansant
Durant cette heure brève
Embrasement perpétuel
Des yeux frangés de rêves.

TRISTESSE
Expérience  visuelle intuitive
Fluide et finement ciselée
De l’intensité distillée
Sentiment de démesure
Justesse imprécise
Des déchirures suturées
Et du désir supplicié.



SPHÈRE DE VÉRITÉ
Épreuve ultime et fuite éperdue
Recherche d’équilibre
Présumer d’une suite prévisible
Sublimer le hic et nunc.

et

TREMPLIN
Effeuiller le ciel en rituels périlleux
Sublimer cette entente entrevue
Risquer le vide chimérique
Et désirer l’éterniser.



VERTIGE
Tresser en bleu les vertiges muets
D’un silence strident qui pétrifie le ciel
Demeurer en périphérie du mutisme excessif
Inventivité inexpliquée des pensées dissidentes

MUSIQUE
Lumineuse fresque
Sur l’échiquier du réel
Pistes inédites
Et silences décryptés
Vertiges inexpliqués
Recrudescence des rites
Brésil, terre unique
Univers de musique
Fluidité énergétique.

et



NUDITÉ
Des persiennes bleues
Enferment l’intimité
Négligée
Préservent l’intensité
En détresse
Et tentent de redéfinir
L’identité perdue.

et
PARALLÉLISME

De la verticalité induite
Présage de l’impermanence
Désacralisant l’instant présent
Le militantisme a ses limites.


et


ASPHYXIE
Épingler ses regrets
Pétrifiés dans le ciel
Interpréter les signes
Asphyxiant le réel
Arbitrer le silence
Désastres et échecs
Des rêves délités
L’ivresse en tête.


MÉTIS
Dans les Jardins de Métis
Les livres s’entremêlent
Et inventent des dérives
Entre les diverses plages
Des pages millésimées
Énigmes à délivrer.


et

et
IVRESSE

Inventer le chemin
Interpréter les signes
Décliner ses vertiges
Intensifier ses gestes
Incendier le désir
L’infini perceptible.

et
NÉANT
En cette ère d’hypersensibilité
Intensifier la radicalité
Faire disparaître sexe visage et seins
Anéantir les signes distinctifs
En asphyxiant la déesse étranglée.

et

ÉCRIRE
Écrire, c’est résister à la facilité
Écrire, c’est transgresser les règles établies
Écrire, c’est relancer le débat des éléments dicibles
Écrire, c’est vérifier la matérialité de l’impermanence
Écrire, c’est se mettre en danger
Écrire, c’est s’identifier à Icare et s’embraser
Dans les espaces précaires de la littérarité
Écrire, c’est le Nathanaël de Gide expérimentant
Les élans de l’esprit déchaîné.
et

et
ENTORSE

Osmose des mots honorés
Oser encore et encore
Recomposer le réel morose
Éponger le sol jonché d’ombres
Protéger et border les songes.

*Ces petits poèmes oulipiens ont été rédigés sur mon mur Facebook en réaction créative à des images ou à des textes. Les contraintes  bivocaliques (#bivocAE et #bivocEO) et trivocaliques (#trivocAEU, #trivocEIU, #trivocAEI) retenues proviennent  de Lipkae, Lipolys, Lipkao et Lipoyes (les groupes d’écriture   créés et animés par Strofka).
C’est Michel Millerioux qui a proposé la série de photographies les accompagnant. Qu’il en soit vivement  remercié.
Je remercie également André Roux d’avoir assumé la mise en page.

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Mes listes : racines et émergences


Voici mon premier  poème lipogrammatique en O-U (ou encore trivocalique en A-E-I)  produit  en première partie  à l’aide de ces 11 tweets publiés de manière dispersée sur Twitter  le 11  décembre dernier. J’ai  décidé  de les regrouper,  puis de les publier sur Facebook quelques jours plus tard.   Une question interpellante me fut alors posée en commentaire par Sylvie Charbonneau : « Et dans le présent ? » Voilà pourquoi  j’ai décidé de prolonger cette liste en l’actualisant. En effet, j’avais   été  invitée  dans le cadre d’un projet en Twittérature initié par @cduret @1L1SaintEx @coralinesoulier @meliemeliie à collaborer et à interagir pour  faire de la poésie en direct. Il fallait  écrire au JE + passé composé +  figure de  style. Puisque la pression m’inhibe, j’ai décidé de me fixer une contrainte  additionnelle et d’écrire en A-E-I, soit en Lipkae langue apprise avec @Strofka en ayant  sous mes yeux   mes contributions personnelles colligées  à l’intérieur de ce groupe d’écriture initié d’ailleurs par Strofka (voir Un bien étrange  lipodrome) et cela en réagençant autrement  certains mots et fragments pour  faire jaillir de nouveaux énoncés, dans un contexte où cela devait être fait très rapidement puisqu’il s’agissait de produire en direct des énoncés de moins de 140 caractères sur Twitter en se rendant au mot-clic #instantatweets. Merci encore à @cduret et à ses collègues pour l’invitation stimulante,  de même qu’ à @Strofka pour l’inspiration du recours à ces matériaux textuels   accumulés au cours des mois précédents.

RACINES ET ÉMERGENCES

J’ai embrigadé le sens et ses effervescences dans des départs imaginaires
J’ai enlacé les attentes et fantasmé sans appel en m’ancrant dans les cathédrales et dérives de l’esprit
J’ai invectivé le ciel en bavardages parallèles en regardant l’essence de ma vie se désagréger
J’ai transpercé de vacarme mes rêves hantés d’écarts de transparence
J’ai préféré ensemencer la réalité d’images éphémères et débridées
J’ai escarpé le réel évanescent habité par d’invisibles présences
J’ai résisté à la matérialité de l’impermanence et j’ai appris à me désister
J’ai expérimenté des pertes de repères et néantisé le présent afin d’y insérer des pistes d’enchantement
J’ai mimé le désir et magnifié des gestes entremêlés par l’étreinte des regards.
Et maintenant…
Je vais faire valser mes secrets intimes et me libérer de ce caché grimaçant
Je vais imprimer mes regrets dans l’absence des lettres et me délester  des empressements
Je vais rêver de dissidence extrême sans hésiter à me  marginaliser dans l’impatience rebelle
Je vais m’ inventer des réalités parallèles, même s’il m’ est nécessaire de m’y chercher  en vain
Je vais planer sans limites ni regrets en évitant de faire semblant d’y être
Je vais, de défi en défi, délier  le fil de ma destinée et en éclipser les traces tangibles
Je vais   enfanter l’infini  dans le présent immédiat, même s’il reste implicite
Je vais  incendier  ma chair en esprit et m’immerger dans l’intensité véritable
Je vais magnifier l’existence, réaliser mes rêves et en imaginer d’irréalisables
Je vais tracer dans le sable des signes indéchiffrables et m’exercer à en tirer le sens
Je vais expédier en terre  le temps fragilisé et y créer des étincelles en partance.
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