Voici mon premier poème lipogrammatique en O-U (ou encore trivocalique en A-E-I) produit en première partie à l’aide de ces 11 tweets publiés de manière dispersée sur Twitter le 11 décembre dernier. J’ai décidé de les regrouper, puis de les publier sur Facebook quelques jours plus tard. Une question interpellante me fut alors posée en commentaire par Sylvie Charbonneau : « Et dans le présent ? » Voilà pourquoi j’ai décidé de prolonger cette liste en l’actualisant. En effet, j’avais été invitée dans le cadre d’un projet en Twittérature initié par @cduret @1L1SaintEx @coralinesoulier @meliemeliie à collaborer et à interagir pour faire de la poésie en direct. Il fallait écrire au JE + passé composé + figure de style. Puisque la pression m’inhibe, j’ai décidé de me fixer une contrainte additionnelle et d’écrire en A-E-I, soit en Lipkae , langue apprise avec @Strofka en ayant sous mes yeux mes contributions personnelles colligées à l’intérieur de ce groupe d’écriture initié d’ailleurs par Strofka (voir Un bien étrange lipodrome) et cela en réagençant autrement certains mots et fragments pour faire jaillir de nouveaux énoncés, dans un contexte où cela devait être fait très rapidement puisqu’il s’agissait de produire en direct des énoncés de moins de 140 caractères sur Twitter en se rendant au mot-clic #instantatweets. Merci encore à @cduret et à ses collègues pour l’invitation stimulante, de même qu’ à @Strofka pour l’inspiration du recours à ces matériaux textuels accumulés au cours des mois précédents.
RACINES ET ÉMERGENCES
J’ai embrigadé le sens et ses effervescences dans des départs imaginaires
J’ai enlacé les attentes et fantasmé sans appel en m’ancrant dans les cathédrales et dérives de l’esprit
J’ai invectivé le ciel en bavardages parallèles en regardant l’essence de ma vie se désagréger
J’ai transpercé de vacarme mes rêves hantés d’écarts de transparence
J’ai préféré ensemencer la réalité d’images éphémères et débridées
J’ai escarpé le réel évanescent habité par d’invisibles présences
J’ai résisté à la matérialité de l’impermanence et j’ai appris à me désister
J’ai expérimenté des pertes de repères et néantisé le présent afin d’y insérer des pistes d’enchantement
J’ai mimé le désir et magnifié des gestes entremêlés par l’étreinte des regards.
Et maintenant…
Je vais faire valser mes secrets intimes et me libérer de ce caché grimaçant
Je vais imprimer mes regrets dans l’absence des lettres et me délester des empressements
Je vais rêver de dissidence extrême sans hésiter à me marginaliser dans l’impatience rebelle
Je vais m’ inventer des réalités parallèles, même s’il m’ est nécessaire de m’y chercher en vain
Je vais planer sans limites ni regrets en évitant de faire semblant d’y être
Je vais, de défi en défi, délier le fil de ma destinée et en éclipser les traces tangibles
Je vais enfanter l’infini dans le présent immédiat, même s’il reste implicite
Je vais incendier ma chair en esprit et m’immerger dans l’intensité véritable
Je vais magnifier l’existence, réaliser mes rêves et en imaginer d’irréalisables
Je vais tracer dans le sable des signes indéchiffrables et m’exercer à en tirer le sens
Je vais expédier en terre le temps fragilisé et y créer des étincelles en partance.
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Merci, Monique, pour ce partage si riche encore une fois. J’aime tout particulièrement dans tes racines : «J’ai préféré ensemencer la réalité d’images éphémères et débridées» et dans ces branches qui s’élancent vers le ciel pour l’espoir que portent les mots et qui, je crois, reflètent bien la volonté de l’écrivain(e) : «Je vais magnifier l’existence, réaliser mes rêves et en imaginer d’irréalisables.»
Depuis ma petite île natale, la Corse, j’ai eu cette chance de faire connaissance avec Monique. Une amitié « facebookienne » qu’elle avait sollicité pour amorcer avec moi une conversation sur la pédagogie, d’abord, puis sur la vie. J’ai été frappé par la richesse de sa pensée, son humanisme et la puissance de son écriture. J’ai gardé ses interventions sur les sujets que nous abordions comme des biens précieux qui me sont allés droit au cœur. Elle restera vivante dans mon esprit, longtemps encore. Je cherche dans le ciel, le soir venu, une étoile qui brille encore.