Petits poèmes lipogrammatiques (5)

 

MARASME
Se désagréger sans arrêt
En ce campement éphémère
Dans les dédales de l’enfermement
Célébrer ses dépassements
Renverser ses échasses
L’art recèle des secrets.

 

 

 

ÉTHOS
Gronder les ombres en révolte
Joncher le sol de renoncements
Confronter le concept de logos
Enfermer les mortelles secondes
Préférer les très longs échos
Et les border de songes.

 

 

DISCERNEMENT
Gélifier des zestes d’infini
Épuiser les rites et  rituels
Fureur de vivre pétrifiée
Empêchements inflexibles
Réduire l’inventivité rebelle
Déchirer ses incertitudes
Électriser ses déchirures.

 

 

DISSIDENCE
Nuit rieuse dispersée en lumière fleurie
Plénitude en excès qui remplit le silence
S’immuniser envers les sens multiples
Délivrer l’intellect surmené d’une culture désuète
En guise d’incipit inscrire l’indicible.

 

 

PERPLEXITÉ
Fustiger les crises existentielles
Et les ruptures imperceptibles
Dissiper l’équilibre de l’ensemble
Interpréter les périples multiples
Éventrer les heures éclipsées
Jeu d’étincelles mystiques.

 

DESTINÉE
Disséminer ses désirs ubiquistes
Expulser le feu de ses dérives intérieures
Empreintes en délire sur une mer de style
Murmurer des invectives furieuses
Et s’enfuir vers un destin chimérique.

 

 

 

 

DÉGUISEMENT
Infiltrer ce lieu en réel interprète
Et y détecter de délicieux vertiges
Le réel imbriqué suscite mille méprises
Un silence réducteur et un verbe frileux
Rituels périlleux et descentes ultimes
De l’inutilité d’une vue excessive.

 

ÉCHANCRURE
Hurlements écrasés émergeant de l’enfance
Heures de mascarade vécues sans retenue
Démasquer les reflets d’une quête de splendeur
Draper la démesure de ces jeux suspendus
Transcender la peur devenue perturbante
Les abus se détectent dans les marges du temps.

 

PRÉTEXTE
Freiner les effluves du ciel
Irriguer les écluses du réel
Ultime présence des certitudes
Scruter le vide et le redessiner
Précipice du dire silencieux
Crépuscule des dieux.

 

 

 

EXPÉRIENCE
Esquisse du désir fugitif interdit
Prise inversée d’une fleur en sursis
Freiner l’équilibre de l’unicité
C’est l’heure de briser le silence excessif
Et de revenir vers une énergie ultime.

 

SALUT
Verser des larmes dansantes
Embrasser des fleurs géantes
Accentuer sa présence escarpée
Et dans la verdure sursaturée
Chercher un peu de sagesse.

 

 

TEXTURE
Masquer les claquements, massacres et clameurs
Suspendre les épanchements dans ce réseau fermé
Échafaudages en marge des reflets du réel
Tracés tumultueux et fresque d’égarements
Surenchère des calculs éphémères et aveugles
Détresse exubérante du futur apparent.

 

 

EMPHASE
Demeurer sans attentes et en détresse
À la surface d’une mer apparente
Perdre ses repères peu à peu
Se frayer un passage remarqué
Arpenter une alternance de fréquence
Chercher à recréer des ancrages
La légèreté a du charme.

 

 

EMPRISE
Se barricader sans feintes
Errances et pertes de sens
Ne rien faire et attendre
Partir sans partir vraiment
Amplifier ce réel timide
Achèvement des rêves délités
Penser sa vie en évitant de la vivre.

 

 

 

DIVERSITÉ
S’émerveiller des émergences festives
S’immerger dans l’énergie dispersée
Enlacer le hasard, la magie, la féerie
Le temps est éjectable et l’espace en dérive.

 

RÉSISTANCE
Repasser en silence les événements récents
Avancer lentement sans retenir l’instant
Entremêler le hasard et l’impermanence
Déclencher et mixer l’inventaire cérébral
Effacer dans le sable le cynisme relatif
Le travail de l’artiste.

Grand merci à Michel Millerioux pour ses  photographies  éloquentes qui savent si bien m’inspirer.
N.B. Ces poèmes lipogrammatiques ont tous été déjà publiés sur mon mur Facebook  à partir de déclencheurs visuels  diversifiés et se  rattachent  à mes contributions personnelles dans les groupes d’écriture créés et animés par Strofka sur FB, à savoir LipoyesLipkaoLipolysLipkae. Ils relèvent ici du bivocalisme  en A-E et en O-E, ainsi que du trivocalisme en E-I-U, en A-E-U et  en A-E-I.   Ces textes  font partie de mes explorations oulipiennes rassemblées en quelques séries  :  (1)(2)(3) et (4). Encore merci à Strofka sans qui rien de cela ne serait possible.
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