Un nouveau défi oulipien a été relevé avec brio, du 11 au 21 décembre 2011, par les membres de la communauté twitterienne désireux d’y participer spontanément. Rappelons que la contrainte littéraire initiale du prisonnier, retenue au départ, n’autorisait aucun dépassement des lignes-barreaux (Évasion : un nouveau défi oulipien !). Des assouplissements ont été consentis, car même si les lettres à jambage sont demeurées interdites, les hampes ont été limitées et les majuscules acceptées, de même que les accents.
Malgré tout, cette contrainte n’était pas du tout évidente à appliquer. Pour vous en convaincre, je vous suggère vraiment d’essayer d’écrire de cette façon pour constater à quel point ce peut être difficile. Si le texte collectif en résultant semble fluide, c’est que les cocréateurs ont travaillé très fort, en plus d’être talentueux.
L’esprit du jeu
Certaines personnes ont apprivoisé ce jeu twittéraire en inscrivant uniquement un seul tweet ou quelques mots. D’autres sont intervenues régulièrement ou de manière ponctuelle; d’autres encore ont dialogué en se relançant comme s’il s’agissait d’un match sportif, alors que d’autres n’ont pas hésité à rédiger plusieurs tweets d’affilée pour mieux préciser leur vision.
Le résultat final ? ÉVASION, un écrit fictionnel rédigé en collaboration, un tweet à la fois, par 22 membres de la communauté twitterienne. Cependant, pour que la magie opère, que la synergie s’installe, que survienne un miracle heuristique, il importait à chacun de consentir à arpenter l’étendue des possibles, sans toutefois connaître la destination du voyage ni le chemin pour s’y rendre. Défi trop facile pour certains twittérateurs? Sans doute, car pour contrer l’abondance des gazouillis, j’ai dû rappeler, à un certain moment, la consigne oulipienne : restriction des hampes en plus de la suppression des jambages !
Mission accomplie
L’objectif souhaité m’apparaît non seulement atteint mais également dépassé puisque l’intérêt s’est manifesté, que chacun a pu affirmer sa différence à sa manière. Les enjeux étaient ludiques. Voilà pourquoi je ne souhaite aucunement réprimer la créativité de chacun puisque l’un des plaisirs de ce jeu consiste à explorer à sa guise et seulement si on le souhaite véritablement. Voilà aussi pourquoi l’harmonisation du style ne me semble pas nécessaire, puisque du collage hétéroclite résulte un ensemble plus grand que la somme de ses parties.
Personnellement, même s’il me revient d’avoir proposé ce nouveau défi oulipien (Voir la rubrique des Explorations et découvertes en vue des Écrits collectifs), je ne me perçois pas comme une éditrice chargée de la production d’un texte fini et léché. J’apprécie la liberté permise par la contrainte retenue qui emmène ailleurs quitte à s’y perdre un peu. Le processus m’importe davantage que le produit qui en découle, même si le texte obtenu dépasse toujours mes attentes.
Enjeux textuels et échos dialogiques
Je constate, à la suite de tous les Oulipiens, que même si la liberté semble au départ enfreinte ou compromise par l’impossibilité du recours à certaines lettres, on assiste au contraire à l’éclosion de petites merveilles puisqu’il importe de trouver une manière de dire autrement ou d’énoncer plutôt autre chose en cherchant. Comme le résume si bien @ZéoZigzags : « … je me bats, me bagarre avec les mots barrages et j’adore ça. »
Encore fallait-il rédiger en continuité : un défi de taille, car elle nécessitait la lecture attentive des énoncés préalables. Une lecture encore plus difficile, cette fois-ci, car l’instabilité de Twitter, au cours des dernières semaines, m’est apparue fortement dissuasive. Comme l’a si bien constaté @Thaelm «Dans un jeu (car c’en est un) de ce type, certains moments sont particulièrement vivants pour le participant. Ce sont ceux où il sent que visiblement celui qui a écrit a lu son texte (en guettant le tag) et se l’est approprié. Parfois le vocabulaire même, dans ses inventions (ses contournements pour satisfaire la contrainte) reçoit des échos qui donnent à une clairière du texte un climat, puis on repart … vers de nouvelles aventures avec un souffle provenant d’une autre voix, un jet d’une autre plume et le hasard fait que cette nouvelle mélodie s’intègre (dès le début, ou peu à peu) à l’oeuvre.»
Oui, c‘était avant tout un jeu twittéraire et même si @Alcanter mentionne que c’est «Toujours un plaisir de participer à ces cruci-fictions ! Les mots ont couru librement, au gré des songes de rêveurs attentifs… », il fallait néanmoins y collaborer pour constater à quel point l’expérience de la centration sur la matérialité du texte est exigeante et porteuse. J’ai voulu laisser le texte se produire jusqu’à ce que je perçoive de l’essoufflement, mais il y avait des rebondissements qui survenaient sans cesse. On aurait pu continuer encore longtemps, mais le but était atteint, soit celui de prouver l’intérêt du recours à ce genre de contrainte.
Les commentaires reçus, quels qu’ils soient, s’avèrent toujours infiniment précieux, car ils contribuent à resserrer le continuum écriture-lecture-écriture en rapprochant les coauteurs de leurs lecteurs. Ils rendent possible un dialogue véritable en amenant des mises au point ou des précisions, constats et encouragements, réflexions partagées, conscience des enjeux, fierté d’avoir participé, etc. L’originalité consiste cependant ici à ce qu’ils aient été reçus durant l’élaboration collective de la fiction et non seulement à la toute fin.
Écrire et comprendre… mais quoi ?
Certes, on peut émettre un jugement global et questionner un texte en devenir. Il est vrai que la fiction empruntait parfois des chemins de traverse, jusqu’à devenir un peu labyrinthique comme le mentionne @WinCriCri : «Le texte devenait parfois difficile à suivre. Un chemin tortueux pour ne pas dire tordu qui nous mènerait où ?» Par moments, on pouvait se demander à la suite de @ZeoZigzags : «Anne, ma sœur Anne, que va-t-il t’advenir ?» L’axe de lecture-écriture davantage resserré nous aura permis de naviguer dans ces eaux houleuses au risque de s’y noyer.
Cela m’aura permis de repenser à Catherine Tauveron qui oppose les textes lisses aux textes résistants, en raison de leur ambiguïté notamment, qu’elle partage entre les textes réticents (qui programment délibérément des problèmes de compréhension) et les textes proliférants (qui suscitent des interprétations multiples). A posteriori il est possible de constater qu’ Évasion est bien un texte proliférant, même si rien n’avait été décidé avant les émergences sémantiques survenues.
La richesse interprétative
Réalisme magique ou merveilleux, subversion de l’imaginaire fantaisiste, absurde humoristique assumé, tous ces éléments apparentés au registre du fantastique par le relais de l’onirique, se sont chevauchés en télescopages volontiers ironiques en cultivant des zones d’ambiguité dans lesquelles il pouvait être facile de s’enliser.
De l’accumulation des images, de cet amalgame parfois déconcertant, a émergé tout de même une logique narrative particulière invitant à diverses tentatives d’interprétation. Le magico-réaliste n’est pas toujours évident à cerner au delà de ses exubérances. Comme l’a souligné @WinCriCri «… cet itinéraire déroutant (…) fait appel à notre inconscient collectif, un univers onirique dont le fil se tisse pas à pas, d’un mot à l’autre, en les associant plus par leur sens symbolique, leur sonorité, leur prosodie qu’à leur sens littéral.» Il y a toujours du sens à un texte littéraire, mais pas nécessairement le même pour tous !
Transtextualité et culture
Je pense que l’on active toujours en lisant un réseau infini et enchevêtré de relations immatérielles et symboliques dont certaines sont plus prégnantes que d’autres (ex. l’héritage des contes, oeuvres artistiques connues). Étant donné qu’on lit nécessairement en fonction de notre culture personnelle, cela justifie que plusieurs lectures interprétatives d’un même écrit soient possibles. À cet égard, vous avez certainement pu remarquer que se sont profilées en filigrane dans Évasion des références à Baudelaire, Carroll ou Wagner (merci @LucBentz) et sans aucun doute à plusieurs autres hypotextes tels que « Anne, ma sœur Anne…». Comme quoi même l’onomastique n’est jamais innocente ! Des traces fantomatiques se détectent inévitablement dans un texte comme celui-là et plusieurs autres demeurent certainement à découvrir.
Littérarité ambiante
Depuis Roman Jakobson, ce qui est reconnu comme littéraire est loin d’être unanime. Pour simplifier, je constate que l’on attribue d’emblée ce statut aux textes qui invitent à une lecture de plaisir. Il me semble cependant plus porteur de chercher la spécificité du littéraire au niveau du maniement de la langue (rythmes variables, images fulgurantes, figures telles que des allitérations, champs sémantiques thématiques, tournures syntaxiques recherchées, inventions ludiques, néologismes, dérives lexicales…) qui permettent d’échafauder et de sculpter des œuvres d’art avec des mots.
Métaniveau, métalepse et perméabilité des frontières
Entre l’intérieur et l’extérieur d’un texte de fiction, les frontières parfois s’estompent ou se transgressent délibérément. Le texte peut ainsi s’ouvrir en amont lorsqu’on observe l’inclusion d’un autre niveau, en faisant état de la présence d’un auteur et de sa relation causale avec son œuvre (ou une partie de l’œuvre collective en ce qui nous concerne). J’ai beaucoup apprécié cette forme d’intrusion auctoriale. Semblable aux didascalies, le métaniveau explicatif léger aura permis de concilier le réaliste et le merveilleux. Je rends grâce à la narratologie de Gérard Genette d’avoir reconnu l’intérêt de lamétalepse dans les œuvres préoccupées de littérarité.
Cette présence avouée de l’auteur dans un discours parallèle et complémentaire, me semble avoir contribué à la fusion narrative. Malgré la distanciation opérée en raison de cette infiltration omnisciente traversant tous les niveaux du texte, cette intrusion manifeste nous a ramenés à la dynamique de l’écriture et à ses enjeux, lors de l’expression de réticences ou en entrouvrant d’autres possibles (ex. Le lecteur ici se demande : le démon ? un autre amant ? le lièvre ? Et comment a-t-elle du courrier «de l’autre côté» ?) . Dès le début de la fiction, le passage du JE au NOUS invitait subtilement à la solidarité et contribuait à l’installation d’un esprit de connivence. Merci @Fonsbandusiae d’y avoir songé et @LucBentz d’avoir installé manifestement le procédé vers la fin du récit.
La créativité exacerbée
J’ai observé durant le processus d’élaboration des prouesses manifestes : se passer du «pas» lors des négations a nécessité des contournements et des élisions intéressantes. Le recours à un autre jeu de fontes pour supprimer le jambage (ex. « film » au lieu de « film »), l’utilisation de majuscules (ex. DRAGON et non dragon), ont maintenu l’esprit du jeu. Le recours au vieux français (ex. onc, mistère) ou au latin (ex. deus ex machina…) s’est avéré par ailleurs fort judicieux.
J’avais pensé proposer aux twittérateurs engagés dans la fiction de soumettre leur propre fin parmi lesquelles chacun des lecteurs aurait pu choisir sa préférée. Un twittérateur @LucBentz m’a heureusement devancée et le récit a pu se terminer sur une note inspirée sans doute du Finnegans Wake de James Joyce, ce premier roman circulaire décisif. En effet, la structure retenue pour clore la fiction m’est apparue fort appropriée pour témoigner des pensées autotéliques qui tournent en rond, de ce serpent qui se mord la queue dans l’imaginaire mexicain.
Vers un accroissement de la lisibilité
Vous avez pu constater que j’ai décidé de fragmenter le texte déjà long en plusieurs paragraphes durant le processus d’élaboration afin d’en accroître la lisibilité. J’ai attendu cependant un bon moment avant de faire ressortir les sections que j’y percevais et d’y adjoindre conséquemment des intertitres respectant la consigne (donc sans jambages) induisant a posteriori un semblant de séquences : Rêves inassouvis ; Inconsciences riveraines ; Murmures, murs, marées ; Vice-versa ou écran-cinéma ; Errances ou connivences ; Scénarios désaxés ; Ennuis réenchantés ; Réminiscences enserrées ; Délires excessifs ; Dérives en miroir. Ce découpage discutable est éminemment subjectif, je le reconnais, même si je suis en mesure de le justifier, ce qui ne veut pas dire qu’il ne puisse pas y avoir d’autres options possibles.
À la recherche des tweets perdus…
Des tweets égarés ? J’en ai retrouvé partout, même sur les fils connexes des collaborateurs. L’impression d’en laisser fuir malencontreusement m’a habitée du début à la fin de cette expérimentation oulipienne. Le désir de les retrouver à tout prix a accru ma volonté de ne point me sentir piégée par cette plateforme de microbloggage devenue soudainement capricieuse.
Comment des gazouillis regroupés sous un même mot-clic (#sansjambage) pouvaient-ils se déplacer à ce point sans avertissement comme si un magicien malicieux s’amusait à leur jeter un sort ? J’avoue avoir vécu un test de détermination, car les tweets jouaient volontiers à saute-mouton, gambadaient à leur aise, disparaissaient, réapparaissaient au gré de leur fantaisie. Pas bien grave quand la séquence d’enchaînement n’est pas importante, mais dans le cas présent c’était plutôt dramatique. Quelle idée aussi d’appeler un texte Évasion : même les mots ont eu envie de s’enfuir momentanément ou pour de bon!
Pour contrer l’instabilité de Twitter
Voilà pourquoi j’ai décidé de publier au fur et à mesure (même si je sais que ça ne se fait pas) en mettant le texte à jour graduellement au lieu d’attendre que la fiction soit terminée, puis finalisée. Vous constaterez conséquemment que la date de publication coincide avec celle du lancement du projet au lieu d’afficher la date de complétion, soit le 21 décembre ou onze jours plus tard. Comme avantage, j’y ai vu la facilité de lecture pour les collaborateurs afin de susciter de meilleurs enchaînements.
Il y a cependant des conséquences à assumer lorsque l’on fait ce choix : une virgule qui manque est aussitôt signalée, une coquille décelée est aussitôt rapportée. Les premiers commentaires affichés en témoignent et c’est sans compter les messages directs reçus parallèlement. Certaines personnes n’ont pas hésité non plus à me suggérer la substitution d’un mot dans l’un de leurs tweets. En cours de rédaction, j’ai observé avec bonheur que certains participants ont reprécisé les règles du jeu à de nouveaux participants en leur signalant parfois même des écarts à rectifier. J’ai donc moins eu à le faire cette fois-ci, et j’ai vu cette vigilance comme un signe d’engagement. J’ai vivement savouré l’impression de la cocréation en direct et grandement apprécié cette collaboration éditoriale. En effet, il y a eu du nouveau cette fois, puisque j’ai reçu constamment de l’aide pour la relecture, en raison de la publication graduelle, car chacun a veillé à ce que j’aie bien reçu et inséré correctement ses gazouillis.
Constats et questions en suspens…
Il m’apparaît plus facile de critiquer d’emblée ce genre de texte coproduit que de s’impliquer au plan rédactionnel. Bien sûr que la critique peut venir facilement, mais voyons un peu la facture innovatrice de l’expérience : des inconnus d’un peu partout sur la planète collaborent étroitement à l’élaboration d’une fiction oulipienne à partir d’une contrainte bridant la spontanéité pour concocter une production commune que je trouve plutôt réussie.
Je tiens donc à remercier chaleureusement les 21 twittérateurs motivés qui m’ont fait confiance et qui m’ont accompagnée dans cette aventure passionnante. Il ont participé à divers degrés à cette polyphonie scripturale. Il me fait plaisir de souligner, avec reconnaissance, leur collaboration généreuse selon leur ordre d’implication: @Fonsbandusiae @georgesgermain @cricriecri @Wincricri @tanguyblis @sstasse @nathcouz @forkast @LirinaBloom @slyberu @dawoud68 @enilorac14 @Sylvain_Pierre @Thaelm @charliebuz @Alcanter @Strofka @Loic_Is@ZeoZigzags @LucBentz @Chositude
Des questions m’habitent encore : Le fil d’Ariane souhaité par plusieurs collaborateurs est-il vraiment nécessaire ? Peut-on vivre avec le perfectible et même s’en délecter ? L’écriture collaborative peut-elle être davantage facilitée ? En attendant, je me réjouis fortement de l’esthétisme de cette oeuvre twittoulipienne constituée de longs rubans textuels comme autant d’ancrages visuels intemporels.
Cette page est un délice.
Merci encore pour ce moment de bonheur
L’intelligence collective est si souvent collectivisation de l’intelligence …
ici il n’en était rien
chacun était à la fois le vent et la voile.
J’espère que d’autres projets de ce type nous solliciterons à nouveau.
(Conscient tout de même de la charge que cela occasionne, je vais manger de l’ail sauvage d’il y a deux ans (sourire)² et patienter tranquillement. )
Pas mieux.
Bonjour Aurise
Merci pour cette analyse approfondie.
À mon tour, je me permets quelques invasions réflexives, si tu veux bien.
D’abord au sujet de ce que je viens de lire. Je te cite :
« Des tweets égarés ? J’en ai retrouvé partout, même sur les fils connexes des collaborateurs. L’impression d’en laisser fuir malencontreusement m’a habitée du début à la fin de cette expérimentation oulipienne. Le désir de les retrouver à tout prix a accru ma volonté de ne point me sentir piégée par cette plateforme de microbloggage devenue soudainement capricieuse. »
Je trouve intéressant que cette entreprise d’écriture collective ait soulevé des questions éthiques et morales comme le souci d’intégrité et celui de fidélité. On observe ici la persistance de valeurs traditionnelles qui tentent de composer avec un médium-message qui lui, tend à fragmenter, voire décomposer et force les participants à une éventuelle colla-à-borration (je n’ai pas di aberrations! :D) à travailler souvent dans l’inférence. Ne fallait-il pas aussi , autant que faire se pouvait se munir d’une certaine indifférence parallèle à une confiance minimale qui elle, va tellement à l’encontre des dessous crapuleux d’hypersurveillance et d’hypermanipulation, spéculation à des fins de contrôle politique, idéologique et financiers, bien sûr, de ces médias dits sociaux. Une sorte de tissu moral/isateur/isant qui se retrouve à mon avis ici aussi :
« En cours de rédaction, j’ai observé avec bonheur que certains participants ont reprécisé les règles du jeu à de nouveaux participants en leur signalant parfois même des écarts à rectifier. J’ai donc moins eu à le faire cette fois-ci, et j’ai vu cette vigilance comme un signe d’engagement. J’ai vivement savouré l’impression de la cocréation en direct et grandement apprécié cette collaboration éditoriale. »
Le résultat. Bon, je crois que compte tenu du regroupement absolument non contraignant (en effet, la contrainte oulipienne était tout de même très facile – dit en sachant que je l’ai oubliée dans un mot), je ne peux être aussi admirative du résultat que toi mais comme tu le soulignes, les objectifs étant circonscrits de la manière qu’ils le furent, les buts furent atteints, à certains moments dépassés.
Le texte social qui s’y est re-tissé m’a à plusieurs reprises fait grincer des dents et de bien d’autres choses. Les stéréotypes de princesse, de fragilité, les images de fille éplorée parallèlement à celle du sauveur, beau brummel, bon prince, sorte d’attente de Walt Disney m’ont donné du fil (dentaire!) à retordre, personnellement. J’ai surement aussi accolé des générations, aux participants, et plein d’autres murs de cases, détestant ces murs de toute mes forces. Et oui, j’ai bien parlé d’Anne dont le prénom revenait selon moi énormément trop souvent, avec le nombre de pieds de l’extrait connu, tentant de la sortir de ses bottines et pour moi, un espace plus léger. Que de textures, de tessitures, dans un texte non basé au départ sur l’harmonie… Puis, tombant dans ce climat de non-attente qui sied à ce genre d’expérience où le contrôle même idéologique n’a pas sa place s’il prétend autre chose que d’exprimer un hic, un oula, un oups… Observer pour mieux connaitre.
Des hyperliens sociaux : culture générale personnelle, appropriation, transfert, projection, assimilation des valeurs sociales avec le sentiment de se connecter au « bon » lien, au contenu qu’on ne remettra pas en question. Ou qui sait.
Bref, merci pour cette expérience et pour le cœur que tu as mis à l’ouvrage et ce retour méticuleux sur le projet.
Amicalement, Zéo Zigzags